Longue vie à l’écoblanchiment !
La rédaction de cet article fait suite aux échanges (ci-joints) entre la rédaction du média PositivR et Anatole Tilly, président de l’antenne parisienne d’I-buycott, lors d’une interview réalisée en janvier 2021 : Lire l’article
L’écoblanchiment, plus connu sous l’anglicisme « greenwashing », est partout. Il s’agit, pour les entreprises, de nous faire oublier leurs impacts néfastes sur l’environnement en vantant des pratiques respectueuses, alors qu’elles sont en réalité fallacieuses, trompeuses ou illusoires.
Le greenwashing a vu le jour car le militantisme-citoyen en faveur de la protection de l’environnement s’est considérablement développé puis renforcé depuis le début du XXIème siècle. Les entreprises ont donc souhaité prendre soin de leur image de marque ce qui a entraîné des investissements massifs dans des campagnes publicitaires « greenly ».
Par exemple, la multinationale McDonald’s s’est offert une jolie enseigne verte, accompagnée de publicités vantant les mérites de ses engagements : des poulets français (qui demeurent élevés dans des conditions désastreuses), des légumes frais (qui ne sont pas de saison la moitié de l’année — ce qui entraîne des émissions carbonées multipliées par cinq en moyenne pour chaque légume cultivé hors-saison), quelques emballages cartonnés alors que la chaîne de fast-food ne propose sur place qu’un seul type de poubelle.
Pour résumer, les engagements mis en avant par les entreprises sont dérisoires proportionnellement à leurs impacts réels. L’objectif étant seulement de rassurer les clients potentiels, devenus de plus en plus soucieux des impacts de leurs consommations.
En quoi cela est négatif ?
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Concrètement, cela nous donne l’impression que beaucoup est déjà fait pour la protection de l’environnement alors qu’il nous reste la partie la plus importante à réaliser. — Comme s’il suffisait d’utiliser du plastique recyclé pour régler le problème de la pollution plastique. (Coca-Cola — Lire le post du 18/03/21 sur la page Facebook)
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L’argumentation fallacieuse autour des enjeux écologiques contribue à ce que ceux-ci ne soient pas suffisamment pris au sérieux. Toujours dans le domaine des plastiques, alors qu’il est désormais interdit de vendre des objets plastiques à usage unique, les industriels ont ajouté la mention « réutilisables » sur leurs emballages, ce qui rend légalement possible la vente de ce produit. Cela contribue à ce que nous ne prenions pas au sérieux les sujets environnementaux alors qu’ils devraient être au cœur de nos décisions quotidiennes.
En tant que consommateurs·trices, comment démêler le vrai du faux et quels sont les indicateurs auxquels nous pouvons nous fier ?
Récemment, en mars 2021, Foodwatch a affirmé qu’il n’est plus possible pour les consommateurs·trices de s’y retrouver (Voir l’article). Nous serons plus mesurés, sans toutefois affirmer que nos conseils et faisceaux d’indices permettent d’éviter 100% des arnaques.
La première étape consiste à éviter le risque. Pour cela, se détourner des produits transformés est l’une des méthodes les plus efficaces. En cas de produits transformés, il est toujours possible de se servir d’une application de scan de code-barres, comme BuyOrNot, notre application mobile développée bénévolement pour les smartphones Android, Apple, ou téléchargeable en APK. À ce jour, plusieurs milliers de références y figurent, et déjà plus d’1,5 million de produits ont été scannés.
Fuir les grandes surfaces et les produits des multinationales :
La deuxième étape incontournable passe par l’identification de l’auteur de la publicité et du produit. Généralement, lorsqu’il s’agit d’une multinationale, les méfaits sont bien plus importants que les bienfaits. C’est la raison pour laquelle il est préférable de privilégier les circuits-courts même si cela ne résout par tous les problèmes (voir une publication désintox d’I-buycott Paris IDF sur les fraises de Plougastel).
En dernier lieu, et malgré de nombreuses fraudes, certains labels et indicateurs sont plus fiables que d’autres. C’est le cas du label Agriculture Biologique. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) estime une fraude sur environ 1 produit sur 12 pour le label Agriculture Biologique. Si on applique les trois précédents conseils (éviter les produits transformés, les grandes surfaces et privilégier les circuits courts), il est sûrement possible d’augmenter la fiabilité de ce label.
Toutefois, d’autres labels sont eux plus risqués, c’est le cas des labels « qualité fermiers » pour les volailles pour lesquels il est estimé que la fraude concerne un vendeur de volailles sur deux. Là encore, le fait d’appliquer les trois conseils précédents permettra de réduire ces risques.
Plus d’info sur les différents labels disponibles en France : Lire cet article
Pour résumer, plus la source du produit est identifiable et les chaînes de distribution raccourcies, moins il y a de risque de se tromper.
S’il y avait un point positif à retenir dans le phénomène de l’écoblanchiment :
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En raison de l’évolution du discours des industriels pour vendre leurs produits, nous pouvons réaliser, en tant que citoyen·ne·s consommateurs·trices, que notre engagement quotidien a bien un impact sur les politiques des entreprises. Nous avons le pouvoir de changer les choses. Nous avons même le devoir d’être à l’impulsion de ces changements de consommations et de vie car si nous ne le faisons pas nous-mêmes, personne ne le fera à notre place.
Pour aller plus loin :
Cet article était surtout illustré par des exemples en lien avec le plastique car il s’agit d’un objet du quotidien sans lequel les industriels ne savent plus faire. C’est une des raisons pour laquelle les entreprises investissent massivement dans la publicité pour continuer de vendre leurs produits.
Certaines entreprises sont mêmes créées sur le business du greenwashing pour vendre des alternatives dites « éthiques » alors qu’elles ne le sont pas du tout (voir Les Gargouilles et leurs 400 000€ d’investissements publicitaires : Lire l’article de Mr Mondialisation).
Bien entendu, l’écoblanchiment touche également le domaine climatique. Par exemple, les compagnies gazières mettent systématiquement en avant le « biogaz », le « gaz naturel » ou « gaz vert » alors que cela demeure une énergie fossile très émettrice de dioxyde de carbone.
En matière de greenwashing climatique, les articles de Bon Pote, dont l’approche repose essentiellement sur des données scientifiques, pourront vous en dire davantage (Comment combattre le greenwashing et La neutralité carbone, nouveau greenwashing ou réelle avancée).
Article écrit par Anatole Tilly, président de l’antenne I-buycott Paris IDF