Introduction au lobbyisme : comprendre pour mieux lutter 💰

Introduction au lobbyisme : comprendre pour mieux lutter 💰

Depuis un certain temps, le terme de « lobby » revient de façon récurrente dans le discours des médias. Souvent associé à des scandales sanitaires et/ou politiques, le lobbyisme demeure une notion floue dans nos consciences, et ne semble pas vraiment synonyme de bonnes nouvelles…

Alors, théorie du complot ou réalité ? Ni une ni deux, I-buycott s’est chargé pour vous de démêler le vrai du faux ! 😉

Dans cet article, nous tâcherons de comprendre qui sont les lobbys, comment ils agissent, et surtout pourquoi il est urgent de nous en préoccuper.

 

Le lobbyisme, c’est quoi au juste ? 🤔

Le lobbyisme représente toutes les actions menées par un groupe de personnes exerçant une pression afin de modeler la loi suivant leurs intérêts.

Bien que certains groupes de pression comme les ONG ou les associations représentent l’intérêt général, ceux-ci sont tellement minoritaires que le terme de lobby incarne dans la majorité des esprits, non sans raison, le triomphe de l’intérêt privé sur l’intérêt public. Cette influence s’effectue alors auprès des personnes étant à la base de la loi, typiquement les députés, ou tout autre individu ayant une influence sur le processus législatif. Omniprésents dans notre société et très puissants, ces différents lobbys ont un pouvoir réel sur la prise de décision et le vote des lois.

En France, il existe des cabinets de lobbying professionnels depuis le début des années 1980. Mais la pratique est en réalité assez ancienne : dans certains pays anglophones, elle est ancrée dans les institutions, et encadrée par la loi depuis des dizaines d’années.

En France, l’idée que des intérêts privés priment sur l’intérêt général si cher à notre cœur était inconcevable, lui donner une existence juridique hors de question. Les lobbyistes étaient tout aussi présents que chez nos voisins, mais du moment que les citoyens n’avaient pas conscience de leur pouvoir d’influence sur les lois, aucun cadre juridique n’a été mis en place. Présenté comme cela, il peut être assez difficile de comprendre pourquoi est-ce que nos représentants, garants de l’intérêt général et de notre sécurité, se laisseraient influencer par ces grands groupes privés. Mais il faut comprendre que grâce à leurs ressources qui dépassent le PIB de beaucoup d’États, ces représentants des grands groupes industriels ont un immense champ d’action, et peuvent ainsi fournir aux décideurs publics une très grande quantité de données influençant la prise de décision.

 

Quelles sont leurs armes d’attaque ?

L’objectif des lobbys ne fait aucun doute : avoir la main mise sur les lois. C’est bien pour cela qu’ils vont tenter par tous les moyens de participer à l’écriture de la loi, bien avant qu’elle ne soit votée. Pour se faire, plusieurs stratégies sont mises en œuvre. Premièrement, certaines lois reposent nécessairement sur des expertises scientifiques. Il y a par exemple les lois interdisant certains produits jugés nocifs pour l’homme ou l’environnement, comme les pesticides. Si une multinationale commercialise un produit incriminé par une étude scientifique, celle-ci va alors tout simplement financer une contre-expertise ayant pour unique objectif de manipuler et discréditer les données de la première étude, pour démontrer que leur produit est totalement inoffensif.

Ce genre de manipulation de la science est l’une des plus grandes armes des lobbys et a été plus que répandue ce dernier siècle : les industries de l’alcool, du tabac, du sucre ou encore de l’amiante ont fourni tour à tour leurs lots de contre-expertises visant à prouver leur innocuité. Toutes ces industries ont réussi à retarder de plusieurs dizaines d’années la mise en cause de leur produit à grand renfort d’expertises scientifiques biaisées… Il est donc relativement simple pour les lobbys d’influencer les décisions des députés, qui ne sont ni des scientifiques ni des experts. Parlementaires, hauts fonctionnaires, ministres, Conseils d’état, Conseil constitutionnel… Tous sont visés par les lobbys. Toujours très minutieux dans leurs actions, ces derniers entretiennent des relations privilégiées avec les politiques.

Leur stratégie ? Aller à des déjeuners avec eux, les inviter à des événements, s’immiscer dans des conférences, ou tout simplement faire jouer leurs relations professionnelles et personnelles.

 

 

Le problème majeur avec le lobbyisme

La problématique concernant les lobbys est beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît. Certains pensent que ces derniers sont essentiels dans l’élaboration de certaines lois et dans l’information, d’autres au contraire affirment qu’ils sont néfastes et corrompus.

Il n’y a aucun doute sur le fait que la motivation première de ces groupes de pression est l’argent. Tous les moyens qui sont mis en œuvre dans la manipulation des données et des expertises vont apporter à l’entreprise pour laquelle ils travaillent de nombreux bénéfices. Sans un encadrement législatif strict, l’emprise des lobbys sur le processus législatif est malheureusement méconnue du grand public…

Prouver qu’un produit est inoffensif se chiffre en millions d’euros. Faire intervenir un acteur privé dans la production de ces données est donc un gain d’argent considérable pour l’État. La majeure partie des données scientifiques que les législateurs possèdent afin de décider de l’avenir d’un produit provient de l’entreprise créant et commercialisant ce fameux produit. C’est donc ici que la complexité du problème se pose. Il est possible de faire dire tout et son contraire à des données scientifiques, si l’on est de mauvaise foi. Manque de transparence, conflits d’intérêts manifestes, intérêts financiers et personnels mis en priorité. Beaucoup de choses peuvent être reprochées aux lobbys. En effet, n’étant ni élus ni connus du grand public, ils ne possèdent aucune légitimité démocratique malgré leur influence considérable sur la création de la loi, ainsi ils représentent une grande part d’ombre du pouvoir.

Bien que l’Union Européenne tente progressivement d’accroître la transparence concernant l’influence indéniable des lobbys dans les travaux parlementaires, les lobbyistes sont simplement encouragés à s’inscrire au registre des représentants d’intérêts mais aucune obligation ni sanction n’est prévue (1). Aujourd’hui, près de 25 000 à 30 000 lobbyistes sont présents à Bruxelles. Pourtant, seulement 1615 d’entre eux sont inscrits sur le répertoire de la haute autorité…

La sanction de ce manque de transparence ? 15 000 euros. Lorsque l’on sait que les 5 plus grands groupes pétroliers ont dépensé 1 milliard de dollars en lobbyisme depuis l’accord de Paris sur le climat (2), il n’est pas infondé de penser qu’une amende de 15 000 euros ne risque pas de leur faire bien peur…

L’impact des lobbys sur nos vies et sur l’environnement est gigantesque. Pour exemple, l’industrie pharmaceutique bloque l’accès à des médicaments vitaux (en particulier le traitement contre le VIH) dans des pays ne pouvant supporter le coût faramineux des brevets (3). Mais que dire également de Monsanto, qui paie des millions pour continuer d’empoisonner nos sols ?

Les exemples de l’irresponsabilité de certaines grandes firmes se comptent par centaines. Il est donc extrêmement urgent que notre démocratie retrouve ses lettres de noblesses et que la loi soit de nouveau la garante de la sécurité des citoyens et de notre environnement. Il est très important que nous soyons informés à ce sujet, afin de pouvoir mieux les combattre, et faire du contre-lobbying citoyen.

 

Article écrit par Charlène et Joséphine

 

 

📍 Sources :

(1) https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/lobbying-dans-l-ue-les-regles-ont-change-807235.html

(2) https://www.letemps.ch/monde/geants-petroliers-ont-depense-1-milliard-dollars-lobbying-cop21

(3) https://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/01/17/lobby-pharmaceutique-le-ministre-de-la-sante-sud-africain-denonce-un-genocide_4350206_3212.html